Contraception, religion et culture : un lien évident ?
Un point commun : l’espacement des naissances
Espacer les grossesses est une notion communément acceptée dans toutes les communautés. Ceci implique une forme de contraception, qu’elle soit naturelle ou artificielle (chimique ou mécanique).
Les méthodes dites naturelles sont l’abstinence, le coït interrompu et la méthode des calculs. La contraception dite artificielle inclut les contraceptifs hormonaux, les préservatifs, les stérilets, le diaphragme ou encore la cape cervicale.
La contraception dans les 3 religions monothéistes
Christianisme
Les différentes Églises chrétiennes se sont positionnées contre la contraception pendant presque 2000 ans. Au XXème siècle, les attitudes ont progressivement évolué dans certaines branches du Christianisme. Par exemple, l’éthique protestante accorde une grande importance à la conscience individuelle : un couple est responsable de sa fécondité et peut donc employer des contraceptifs.
L’Église catholique considère toute forme de contraception artificielle dans le mariage comme immorale, mais elle permet l’espacement des naissances par des méthodes « naturelles ». Par contre, elle n’interdit pas l’utilisation de la pilule pour raisons médicales.
Les différentes Églises n’acceptent pas l’usage de la contraception dans le but de ne pas avoir d’enfants.
Islam
L’éthique musulmane interdit le sexe hors du mariage, mais la plupart des autorités religieuses, à l’exception des plus conservatrices, acceptent l’usage de contraceptifs pour les couples mariés. Ils ne peuvent toutefois pas demeurer sans enfants grâce à la contraception.
Judaïsme
Les courants du Judaïsme ont une appréciation différente de la contraception, bien que le Talmud autorise explicitement l’usage de contraceptifs dans certaines circonstances. L’un des principes influençant la question est que l’homme ne peut pas « gaspiller sa semence ». Les méthodes barrières (particulièrement le préservatif) sont donc déconsidérées au profit de la pilule.
Les autres facteurs culturels
Si les religions peuvent exercer une influence sur les positions de chacun-e quant à la contraception, d’autres facteurs culturels jouent tout autant.
La politique de contraception nationale
Les décisions des autorités du pays dans lequel on vit ou duquel on vient peuvent déterminer en partie l’opinion des individus sur les moyens de contraception.
Par exemple, les pilules utilisées sous le régime soviétique avaient mauvaise réputation à cause de leurs effets secondaires importants. Pour cette raison, les femmes de ces pays pourraient donc envisager d’autres méthodes en priorité si elles manquent d’information objective.
Les représentations culturelles du corps féminin
Certaines cultures accordent une place spécifique aux menstruations. Ainsi, les femmes qui en sont issues pourraient vouloir éviter les contraceptifs qui suppriment les règles si ces dernières sont vues comme purificatrices pour le corps. D’autres pourraient préférer les méthodes qui génèrent le moins de saignements irréguliers pour qu’ils ne surviennent pas lors d’une relation sexuelle. Enfin, le rapport au corps est aussi déterminé partiellement par la culture : des moyens comme l’anneau vaginal ou le diaphragme, qui nécessitent une bonne connaissance de son anatomie, peuvent pour cette raison ne pas convenir à toutes les femmes.
Les inégalités socio-économiques : un facteur indéniable
L’information quant à la contraception varie beaucoup selon l’éducation reçue dans la famille, à l’école et dans les médias. Le profil socio-économique entre également en compte : les personnes peu scolarisées ou plus précarisées possèdent moins de ressources pour trouver des réponses aux questions qu’elles se posent sur la contraception. Enfin, le prix de certains contraceptifs peut dissuader les gens de les utiliser.
Et l’individu dans tout ça ?
Nous ne sommes pas uniquement les produits d’une culture donnée. Le parcours individuel importe tout autant dans les choix que l’on peut poser en matière de contraception.
Les professionnels de la santé (gynécologues, médecins généralistes, centres de planning familial) sont là pour aider chaque personne à décider ce qui est bon pour elle, sans jugement ni opinion préconçue. N’hésitez donc pas à les consulter !
Date de publication : 02-02-2016