Le papillomavirus (HPV) est un virus très contagieux. Est-il dangereux ? Comment s’attrape-t-il ? Quels sont les symptômes et les traitements ? Tous les détails dans ce dossier.

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Papillomavirus : qu’est-ce que c’est ?

Les papillomavirus (HPV) sont des virus très contagieux, résistants mais le plus souvent sans danger pour la santé. Ils touchent les femmes comme les hommes, dans toutes les régions du monde.

Il existe plus de 200 types de HPV qui infectent la peau ou les muqueuses. Ils peuvent toucher les organes génitaux internes et externes, la région anale, certaines parties de la peau ou encore la bouche.

Les risques liés varient selon le papillomavirus. Certains HPV n’entraînent aucune maladie ni symptôme. Ils peuvent rester dans l’organisme de manière dormante, ou disparaître spontanément. D’autres génèrent des symptômes bénins, comme des verrues sur la peau ou des condylomes (verrues génitales). Une quinzaine de ces virus comporte davantage de risques. On parle des HPV oncogènes car ils peuvent entraîner des lésions précancéreuses, voire des cancers dont le plus fréquent est le cancer du col de l’utérus.

Comment attrape-t-on le papillomavirus ?

Les papillomavirus qui se nichent dans la région génitale se transmettent uniquement par contacts sexuels. C’est l’infection sexuellement transmissible la plus répandue au monde. 

La transmission peut avoir lieu par voie cutanée (caresses), par des supports souillés (linge de toilette), mais aussi lors du contact entre une muqueuse infectée et une muqueuse saine (rapport sexuel vaginal, oral ou anal). Le virus est absent du sperme, de la salive ou du sang.

Le papillomavirus se transmet souvent au début de la vie sexuelle. Les jeunes femmes sexuellement actives sont les plus exposées au risque d’infection, qui diminue avec l’âge. Ce risque est moindre chez les hommes.

On distingue des facteurs de risque chez les femmes : l’âge précoce des premiers rapports sexuels, des partenaires multiples, le tabac et la présence d’une autre infection sexuellement transmissible (IST).

Des infections souvent asymptomatiques

Très souvent, les virus HPV sont vaincus par les défenses immunitaires et l’infection disparaît d’elle-même, sans que l’on ait remarqué sa présence. Certains virus peuvent en effet rester de manière dormante dans l’organisme sans provoquer de symptômes. La personne peut dans ce cas transmettre l’infection.

Papillomavirus et condylomes

Dans certains cas, lors d’infection à HPV non oncogènes (dont les HPV 6 et 11 sont les plus fréquents), des symptômes bénins peuvent apparaître, comme des condylomes (verrues génitales). Ces condylomes, très contagieux, occasionnent un inconfort physique et psychologique. En fonction de leur étendue et virulence, un traitement médical (crèmes, médicaments immuno-modulateurs) ou chirurgical (laser, électro-coagulation, cryothérapie) pourra être proposé.

Papillomavirus et dysplasies

Dans certains cas, lors d’infection à HPV oncogènes (dont les HPV 16,18,31 et 33 sont les plus fréquents), des lésions peuvent survenir au niveau du col de l’utérus.

Elles sont de gravité variable selon la quantité et la localisation des cellules qui se développent anormalement dans la muqueuse.

On parle de dysplasies ou de lésions précancéreuses.

Certaines de ces dysplasies régressent spontanément. D’autres restent stables ou évoluent vers un stade pré-cancéreux plus avancé.

Evolution HPV

En fonction de l’épaisseur de la muqueuse atteinte par les cellules anormales (voir schéma), on distingue les dysplasie de bas grade (B), puis les dysplasies de haut grade (C).  Une très petite partie de ces dysplasies deviendront des cancers (D). Ce processus d’évolution prend une dizaine d’années.

Schema Dysplasies
1. Cavité vaginale / 2. Muqueuse / 3. Membrane basale / 4. Muscle utérin
A. Normal / B. 
Dysplasie de bas grade / C. Dysplasie de haut grade / D. Cancer invasif ou infiltrant

Quel dépistage pour les lésions dysplasiques ?

Les lésions au niveau du col de l’utérus ne s’accompagnent généralement pas de symptômes. Il est donc très important d’effectuer régulièrement un test de dépistage.

Pour cela, le gynécologue pratique un examen court et indolore appelé le frottis cervico-vaginal. Le frottis permet d’obtenir certaines informations sur le col de l’utérus, qu’aucun autre examen ne peut fournir. Les autres examens (colposcopie, biopsie, identification de l’HPV) apportent éventuellement des informations complémentaires si les résultats du frottis y incitent.

 À l’aide d’une spatule ou d’une petite brosse spécialement adaptée et introduite en utilisant un speculum, le médecin va en frottant – d’où le terme de « frottis » - recueillir des cellules provenant de la muqueuse vaginale, du col et de l’endocol utérin. Les prélèvements sont ensuite adressés à un laboratoire où ils sont analysés par un médecin spécialisé, l’anatomopathologiste.

En Belgique, on recommande à toutes les femmes de 25 à 65 ans d’effectuer un frottis de dépistage. En cas de frottis normal, celui-ci est remboursé à raison d'une fois tous les 3 ans.

frottis

Quels traitements pour les lésions dysplasiques?

Selon la sévérité (bas ou haut grade) des dysplasies suggérées par le frottis cervico-vaginal, l'identification du virus (oncogène ou non), l’histoire clinique de la patiente et ses antécédents, plusieurs prises en charge sont possibles :

  • Pour la plupart des frottis cervico-vaginaux suggérant une inflammation anormale du col ou une dysplasie de bas grade : un simple suivi et la réalisation d’un frottis cervico-vaginal de contrôle après 3 à 6 mois. 
  • Pour la plupart des frottis suggérant une dysplasie de haut grade : réalisation d’une colposcopie et de biopsies dirigées. En cas de confirmation de la dysplasie de haut grade par la biopsie, une conisation sera proposée. Il s’agit d’une opération chirurgicale qui consiste à enlever la partie du col de l’utérus où se trouve la lésion. Cette intervention chirurgicale a un double objectif : diagnostic et curatif.

Quels traitements en cas de cancer du col de l’utérus?

Dans les cas exceptionnels d’évolution défavorable vers un cancer, des traitements plus lourds devront être instaurés. (Cfr article sur le cancer du col de l'utérus)
Se divisant en 4 stades, du plus précoce au plus avancé, le traitement se décidera sur base de plusieurs critères. Il peut passer par la chirurgie (ablation de l’utérus, du col ou des deux), la radiothérapie et la chimiothérapie, ou combiner plusieurs de ces solutions.

Les autres formes de cancers liés aux HPV

Les papillomavirus peuvent infecter la muqueuse du vagin, causer des lésions qui peuvent devenir précancéreuses et évoluer vers un cancer du vagin.

L’infection peut aussi se produire au niveau de la vulve. Là aussi, des lésions peuvent se former et prendre une forme cancéreuse dans de très rares cas. 

Enfin, le cancer de l'anus survient dans une large majorité des cas suite à une infection aux HPV. Ce type de cancer est cependant très rare.

Comment prévenir une infection au HPV ?

La vaccination contre certains HPV

Il existe actuellement des vaccins contre plusieurs types de papillomavirus. Ces vaccins protègent contre les virus oncogènes les plus fréquemment rencontrés et parfois également contre les virus non-oncogènes les plus fréquemment rencontrés (HPV 6 et 11).

Le vaccin choisi avec le médecin peut être administré aux jeunes filles dès l’adolescence, de préférence lorsqu'elles n’ont pas encore démarré leur vie sexuelle. En Belgique, il est entièrement remboursé chez les jeunes filles de moins de 19 ans.

La vaccination ne protège pas contre tous les HPV, ce qui ne dispense donc pas les femmes vaccinées de continuer à se faire dépister. De plus, sa durée d’action n’est pas encore exactement connue.

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Le préservatif

Il n’existe pas de méthode protectrice parfaite car toute personne sexuellement active peut potentiellement être porteuse d’un papillomavirus. Seule l’abstinence permet d’éviter la transmission d’une infection par le papillomavirus. Une solution peu réaliste…

De manière générale, le préservatif ne protège qu’en partie car le HPV est présent sur toute la zone génitale et peut se transmettre lors de jeux amoureux sans pénétration. Il reste néanmoins indispensable pour se protéger des autres IST !

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Article réalisé sous la direction du Dr Gautier Vandenbossche

Date de publication : 11-01-2016
Date de mise à jour : 19-01-2017