De nouvelles applications permettent aux femmes de mieux comprendre le déroulement de leur cycle menstruel. Parfois utilisées pour augmenter les chances de grossesse, elles sont aussi employées comme un moyen de contraception. Est-ce vraiment efficace ?

Des applications pédagogiques dédiées au cycle menstruel

Natural Cycles, Clue, Glow, Lady timmer, Flo, My cycle period : ces applications gratuites ont la vocation pédagogique d’aider les femmes à mieux comprendre le déroulement de leur cycle menstruel : quand vont survenir les prochaines règles ? l’ovulation ? Sur quelle période s’étale la fenêtre de fécondité ? Une fois installée sur le smartphone, il suffit d’encoder une série d’informations : température au réveil, jour d’arrivée des règles, durée des règles, consistance des glaires cervicales (sécrétions du col de l’utérus), humeurs, etc.

Grâce à un algorithme basé sur les données d’autres femmes, l’application calcule entre autres la période d’ovulation. Certaines femmes utilisent ces informations pour augmenter leur chance de tomber enceintes… et d’autres comme moyen de contraception en évitant les rapports sexuels pendant la période de fertilité.

Lorsqu’elles sont utilisées pour optimiser les chances de grossesse, rien ne dit que les applications mobiles sont plus efficaces, mais le risque de ne pas tomber enceinte est lui beaucoup moins grave que celui d’une grossesse non désirée.

Dr Anne Firquet

Les nouvelles technologies au service d’anciennes méthodes de contraception

Si les nouvelles technologies se mettent au service de la contraception, les méthodes sur lesquelles se basent ces applications dédiées au cycle menstruel, sont quant à elles « anciennes » : méthode Ogino, Billings ou symptothermique. Elles reposent sur l’observation quotidienne de certains indicateurs (température, consistance des glaires cervicales) qui évoluent en fonction du cycle et qui permettent d’en déduire la période ovulatoire.

Sur le même principe, il existe aussi les moniteurs de fertilité. Il s’agit en général d’un petit boîtier électronique qui réalise les mêmes calculs que les applications en se basant sur la hausse de température du corps juste après l’ovulation, parfois même en analysant les taux d’hormones dans les urines. Ils indiquent alors les jours à risque et les jours « sûrs ». Certains se présentent clairement comme un moyen de contraception, d’autres comme un moyen d’espacer les naissances.

Les applications dédiées aux cycles menstruels sont-elles des moyens de contraception efficaces ?

Ces applications dédiées aux cycles menstruels remettent au goût du jour d’anciennes méthodes de contraception, dites aujourd’hui « naturelles ». Elles sont pourtant reconnues pour être beaucoup moins fiables que les autres moyens de contraception (pilule, patch, stérilet…) et ce, pour plusieurs raisons :

  • le cycle menstruel peut être irrégulier
  • la température du corps peut varier selon d’autres facteurs comme la fièvre
  • il n’est pas évident d’atteindre les glaires cervicales pour les analyser
  • de manière générale, ces méthodes nécessitent beaucoup de rigueur et de régularité.

« Ces méthodes ont prouvé que leur efficacité n’était pas garantie. En tant que gynécologues, nous ne pouvons pas les valider comme moyen de contraception, ni les conseiller à nos patientes », explique le Dr Anne Firquet, chef de clinique en gynécologie au Centre Hospitalier de la Citadelle à Liège.

Précautions à prendre

« Si certaines femmes se détournent de la pilule parce qu’elles l’oublient tout le temps, prendre sa température tous les matins est encore plus contraignant », explique le Dr Anne Firquet.

L’utilisation des applications mobiles comme moyen de contraception est réservée aux femmes qui sont bien conscientes du manque de fiabilité de ces méthodes de contraception dites « naturelles » et qui sont en mesure de faire face à une éventuelle grossesse. Elle suppose aussi de ne pas souffrir de problème de langue ni d’illettrisme, de pouvoir se payer un smartphone et de déjà disposer de bonnes connaissances relatives à son corps.

Article réalisé sous la direction du Dr Anne Firquet, chef de clinique en gynécologie au CHR de la Citadelle de Liège.
Date de publication : 28-08-2017