Communément appelée « chaude-pisse », la gonorrhée est la deuxième infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente. Lorsqu’elle est découverte tôt, elle peut être traitée par des antibiotiques afin d’éviter les complications. Quand elle est diagnostiquée tardivement, cette maladie peut provoquer des infections chroniques et, parfois, mener à la stérilité.
Qu’est-ce que la gonorrhée ?
La gonorrhée, ou blennorragie, est une IST causée par la bactérie Neisseria gonorrhea, ou gonocoque, qui touche principalement la région des organes sexuels et de l’anus. Cette bactérie s’installe non seulement dans les organes sexuels (muqueuse du vagin chez la femme, pénis chez l’homme), mais aussi dans le tube urinaire (urètre), le gros intestin (rectum) et la gorge.
La gonorrhée ressemble très fort à une autre IST : la chlamydia qui est plus fréquente encore. Dans environ 40% des cas, une infection par la bactérie Neisseria gonorrheae va de pair avec une infection par chlamydia, et vice-versa.
Généralement, à court terme, peu de symptômes se manifestent, surtout chez la femme. Difficile donc de savoir qu’on est contaminé. À long terme, sans traitement, cette infection peut entraîner chez la femme une infection chronique des organes situés dans le bas-ventre, c’est-à-dire la matrice (endomètre), les ovaires et les trompes de Fallope (salpingite). Si elle n’est pas traitée, la gonorrhée peut aussi causer une infertilité tant chez la femme que chez l’homme, lorsqu’elle touche la prostate ou les testicules. Enfin, la bactérie peut provoquer une grossesse extra-utérine ou un accouchement prématuré.
Comment se transmet la gonorrhée ?
La gonorrhée est une maladie contagieuse qui se transmet sans que la personne ne s’en rende compte puisque les symptômes sont discrets. 70% des femmes atteintes de gonorrhée ignorent qu’elles sont infectées1. Cette maladie se contracte lors de rapports sexuels génitaux ou anaux non protégés. Plus les partenaires sont nombreux, plus le risque augmente. La bactérie peut également se transmettre par simple contact sexuel, lors de caresses sans pénétration, ou par rapport anal ou oral. Les drogués par voie intraveineuse sont aussi souvent atteints car la transmission peut avoir lieu lors du partage de seringues ou d’aiguilles infectées de sang. Enfin, une maman infectée peut transmettre la gonorrhée à son enfant lors de l’accouchement. À noter qu’une personne atteinte n’est pas pour autant immunisée. Elle peut développer une nouvelle infection après guérison.
Les hommes plus touchés que les femmes2
La gonorrhée atteint surtout les jeunes hommes homosexuels (15-35 ans), avant les jeunes hommes hétérosexuels. On enregistre trois fois plus d’infections chez les hommes que chez les femmes. La plupart des diagnostics sont posés chez des hommes entre 20 et 50 ans. Chez les femmes aussi la gonorrhée est diagnostiquée plus souvent chez les jeunes.
Quels symptômes ?
Chez les hommes, les symptômes sont souvent plus présents que chez la femme. Dans 90% des cas3, l’infection se manifeste chez eux par une urétrite aiguë (inflammation de l’urètre), accompagnée d’un écoulement purulent et jaunâtre ainsi que de douleurs à la miction.
Chez la femme, les symptômes se font plus discrets. Toutefois, deux à sept jours après la contamination, les symptômes suivants peuvent apparaître :
- sensation de brûlures en urinant,
- sécrétion vaginale d’un liquide jaune-vert malodorant,
- perte de sang,
- douleurs dans le bas-ventre, le vagin, l’orifice urinaire,
- fièvre.
Des maux de gorge et des gonflements inexplicables peuvent être le signe d’une atteinte à la gorge chez des personnes avec un comportement sexuel à risque.
Un diagnostic précoce de la gonorrhée permet d’éviter les complications que peuvent engendrer la maladie. En cas de doute, prenez rendez-vous chez votre médecin pour un dépistage.
Comment diagnostiquer la gonorrhée ?
Si les symptômes sont invisibles, comment savoir si vous êtes contaminée ? Grâce au dépistage !
En cas de doute après un rapport sexuel non protégé, mieux vaut opter pour la prudence et se faire examiner par un médecin généraliste ou un gynécologue. Celui-ci effectuera un frottis vaginal, parfois complété par une analyse d’urine. La culture de l’échantillon d’urine permettra ensuite d’établir un traitement adéquat. Pour les formes anales ou de la gorge, le médecin peut aussi rechercher la présence de la bactérie dans l’anus ou dans la gorge via un écouvillonnage anal ou pharyngé. Il recherchera en même temps la présence éventuelle de chlamydia.
Quels traitements ?
Bonne nouvelle, la gonorrhée se traite efficacement par un antibiotique qui interrompt rapidement la contagiosité et guérit la personne atteinte. Cependant, la guérison ne protège pas contre une nouvelle infection puisque la gonorrhée peut se contracter plusieurs fois dans une vie. Le problème, ces dernières années, est que la bactérie Neisseria gonorrheae se montre de plus en plus résistante aux antibiotiques. De nouveaux antibiotiques capables de guérir la gonorrhée multirésistante sont en cours de développement.
Comment la prévenir ?
Le meilleur moyen de prévenir les IST est l’usage du préservatif, non seulement pour les rapports par voie vaginale, mais aussi pour ceux par voies orale et anale. En cas de doute, premier réflexe : réalisez un dépistage auprès d’un professionnel de la santé. Certains médecins conseillent un dépistage systématique lors de chaque changement de partenaire sexuel(le).
Sources : (1) Haute Autorité de la Santé (HAS) (2) Institut scientifique de santé publique (ISP), Service épidémiologie des maladies infectieuses. (3) Larousse médical
Date de publication : 05-02-2020