Le déni de grossesse : un mystère médical…
Être enceinte sans le savoir
Le déni de grossesse désigne l’état d’une femme qui est enceinte sans s’en rendre compte. Mais comment peut-on être enceinte sans le savoir? « Les mécanismes du déni de grossesse sont mystérieux », explique Marie Kirsch, psychologue périnatale. « Pour une raison que l’on ignore encore, le corps parvient à masquer la grossesse. Il ne faut donc pas confondre le déni avec le scénario d’une femme qui cacherait volontairement sa grossesse à son entourage : dans le cas du déni, la future maman n’est simplement pas consciente qu’elle est enceinte. »
Une absence de symptômes
Si la femme ne se rend pas compte qu’elle est enceinte, c’est parce que son corps ne montre pas de symptômes habituels de la grossesse : le ventre ne grossit pas, les nausées sont absentes, la femme ne sent pas son bébé bouger…
« On ne sait quel mécanisme est à la base de ce phénomène, mais le psychologique a une influence directe sur le physique : le bébé se place par exemple autrement dans le ventre pour que celui-ci ne s’arrondisse pas ! »
Parfois, quelques signes sont présents, comme une légère prise de poids, mais ceux-ci sont interprétés différemment par la femme, qui mettra cela sur le compte d’un excès alimentaire, par exemple.
Différents dénis
- Avant trois mois, on ne parle pas de déni de grossesse.
- On parle de déni partiel lorsque la femme se rend compte qu’elle est enceinte avant le terme (parfois très tardivement).
- Le déni total – plus rare – concerne les femmes qui prennent conscience de leur grossesse au moment de l’accouchement.
Déni de grossesse : un véritable choc
L’annonce de la grossesse est toujours vécue comme un choc pour la maman, d’autant plus si la femme découvre sa grossesse au moment de l’accouchement. « On observe très fréquemment un sentiment de honte et de culpabilité. La future maman se demande comment elle n’a pas pu se rendre compte de sa grossesse. Elle s’en veut souvent de ne pas avoir pris soin de sa santé et de celle de son bébé pendant tout ce temps », poursuit Marie Kirsch. Après l’annonce, le corps de la femme se modifie parfois brutalement : le ventre sort, les tensions dans les seins apparaissent ! « Il est important que le corps médical encadre correctement la future maman, en l’informant, en la soutenant et en la déculpabilisant. »
Le déni de grossesse touche des femmes de tous âges, de tous milieux socio-économiques et de tous niveaux d’instruction. Certaines font plusieurs dénis de suite, d’autres ont déjà mené une ou plusieurs grossesses normalement avant leur déni. Il n’existe donc pas réellement de « profil à risque ».
Le déni de grossesse : est-ce dangereux ?
Les statistiques ne montrent pas de problèmes de santé particuliers chez les enfants nés dans le contexte d’un déni de grossesse. Le taux de complications durant l’accouchement n’est pas, lui non plus, plus élevé, tant que la femme est entourée médicalement. Par contre, en cas de déni total, quand les inquiétudes ou les douleurs (des contractions) n’ont pas été suffisantes pour se rendre à l’hôpital, la femme est parfois forcée d’accoucher seule chez elle, sans aide médicale, avec des conséquences potentiellement lourdes pour le nouveau-né.
Des conséquences relationnelles possibles
Psychologiquement, par contre, cela peut être compliqué : la maman peut prendre un certain temps à construire une relation avec son bébé et à se sentir impliquée dans son existence. Plus rarement, on assiste à des scénarios plus dramatiques, comme le rejet de l’enfant et l’appel au service d’adoption.
À l’inverse, certaines mamans rattrapent en quelque sorte le temps perdu et se sentent directement liées à leur enfant. « Dans tous les cas, il est important de garder un œil sur la maman après l’accouchement et de lui proposer une aide psychologique pour surmonter cette épreuve parfois traumatisante. »
Date de publication : 19-10-2017