Lorsqu’une malformation grave est détectée chez le bébé ou que la vie de la maman est en danger, il est parfois conseillé d’interrompre la grossesse. Dans quels cas est-ce nécessaire? Comment cela se passe-t-il?

Qu’est-ce que l’interruption médicale de grossesse?

L’interruption médicale de grossesse (IMG) est, comme son nom l’indique, une procédure médicale qui consiste à mettre un terme à la grossesse pour des raisons médicales: soit parce que la grossesse met en grave péril la santé de la femme enceinte, soit parce que le bébé est atteint d’une affection particulièrement grave, reconnue comme incurable au moment du diagnostic: malformation (spina-bifida, par exemple), anomalie chromosomique (trisomie 21…), maladie génétique (mucoviscidose…).

Quel délai pour pratiquer une IMG?

En Belgique, contrairement à l’interruption volontaire de grossesse, l’IMG peut être pratiquée jusqu’au terme de la grossesse. Ce qui signifie qu’à moins que la santé de la maman ne soit en grave danger, les parents peuvent prendre le temps dont ils ont besoin pour réfléchir et décider si oui ou non ils veulent que la grossesse soit interrompue. Une équipe pluridisciplinaire (médecins, sage-femme, infirmière, psychiatre…) est à leur disposition pour les entourer, les aider dans leur choix.

Avant l’IMG

Si les parents décident d’interrompre la grossesse, ils rencontreront tout d’abord un médecin ou une sage-femme lors d’une consultation pré-IMG afin de planifier le déroulement de l’intervention, exprimer leurs souhaits et poser leurs questions. Une visite pré-anesthésique a également lieu, lors de laquelle la femme enceinte, si elle le souhaite et si son état de santé le permet, peut choisir – en concertation avec l’anesthésiste – d’avoir recours à une péridurale durant l’accouchement.

Comment se déroule l’accouchement?

36 à 48 heures avant l’accouchement, la femme prend des comprimés de mifépristone (anti-progestatif) pour accélérer la maturation du col et provoquer des contractions. Une fois admise à l’hôpital, l’accouchement est déclenché artificiellement par la prise de prostaglandines.

La plupart du temps, l’accouchement aura lieu par les voies naturelles. La césarienne est rarement pratiquée.

La mort du bébé

Si l’interruption médicale de grossesse a lieu avant 24 semaines d’aménorrhées, le bébé ne survit pas aux contractions de l’accouchement. Après 24 semaines, par contre, il faut d’abord procéder à une injection de produit anesthésiant dans le cordon ombilical pour endormir le bébé et qu’il arrête de bouger. Le médecin procède ensuite à une injection de médicaments dans le cordon et/ou directement dans le cœur du bébé afin de provoquer chez lui un arrêt cardiaque avant l’accouchement. Cette procédure est réalisée sous contrôle échographique et sous péridurale.

Rencontrer son bébé

Après l’accouchement, le bébé est emmené directement hors de la salle, mais pourra être ramené aux parents un peu plus tard s’ils souhaitent le voir. Si les parents appréhendent ce moment, ils peuvent demander conseil à l’équipe médicale: elle pourra les préparer à cette rencontre, en leur décrivant leur enfant par exemple (aspect de la peau, éventuelles malformations visibles…). Des photos pourront également être prises, l’enfant pourra être habillé, présenté à la famille… S’ils le souhaitent, les parents pourront voir leur bébé plusieurs jours de suite. Si les parents préfèrent ne pas voir leur enfant, c’est aussi possible. Chacun doit prendre la décision qui lui convient le mieux, afin de ne pas avoir de regrets et pouvoir avancer dans son deuil.

Rencontrer son enfant après sa mort n’a rien de morbide: c’est un désir sain qui permet aux parents qui le souhaitent de mettre un visage sur leur bébé et de lui faire une place dans leur vie. Il s’agit d’un moment extrêmement intime et chargé d’émotions.

Dr Milagros Marin-Ponce, gynécologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc

Un soutien psychologique indispensable

Décider de la vie ou la mort de leur futur bébé est une décision cruelle pour les parents, qui est régulièrement associée à un sentiment de culpabilité. Pour accompagner les parents dans leur décision avant, pendant et après l’IMG, un soutien psychologique peut être d’un grand secours.

Article réalisé sous la direction du Dr Milagros Marin-Ponce, gynécologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc
Date de publication : 30-01-2018